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Etrépagny 29 décembre 1929

Extrait de la Plaquette - "Incendie de l'église d'Etrépagny"

Claude Clérembaux - 1980- (Ecrivain public)

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- I1 est approximativement 14 H 15 ce Dimanche 29 Décembre 1929. A un quart d'heure près, toutes les sources concordent sur ce point de détail.
A ce moment, deux enfants, Berthe LUCAS et une autre fillette nommée BROCHARD, entrent dans l'église par le portail SUD, apparemment pour assister aux vêpres.
Elles aperçoivent aussitôt, derrière le maître autel, épaisse fumée blanche.
Affolées, elles courent au presbytère voisin, pour prévenir l'abbé DUVAL, curé doyen d'Etrépagny.
Aussitôt celui-ci précipite vers l'église, accompagné de son vicaire, l'abbé Merrien.
A leur arrivée, ils voient, bien entendu, ce qu'avaient vu les deux enfants.
 
A partir de là, il semble que quelque chose "ne colle pas".
En effet, d'après les quelques témoignages et les diverses relations de l'époque, nous avons le
sentiment qu'en utilisant les nappes d'autel et, éventuellement, le linge qu'on trouve alors toujours en quantité dans une sacristie, on aurait pu "étouffer" le foyer, très limité et tout à fait naissant.
On n'en fit rien en tous cas. Le "Journal de Rouen " du 31 décembre nous dit que, pendant que
l'abbé Merrien enlevait les vases sacrés du tabernacle, monsieur le Curé faisait prévenir les
gendarmes et les pompiers, et lui-même allait sonner le tocsin"
 
On nous a raconté qu'à ce moment, Monsieur André RAFFY, le boucher qu'a remplacé Monsieur PIHAN, terminait le nettoyage de son magasin.
Probablement alerté par le tocsin, Monsieur RAFFY se rendit compte de ce qui se passait et, sans doute machinalement, il prit les deux seaux d'eau (sale), qu'il avait à ses pieds, et fonça vers l'église. Y ayant pénétré, il voulut jeter son eau sur l'autel, qui commençait à être léché par les flammes.
On dit qu'il en aurait été très énergiquement empêché par l'abbé DUVAL, qui cria au sacrilège : "De l'eau sale sur mon autel ... !"
 
Nous sommes bien obligés de dire que plusieurs personnes nous ont rapporté ce fait. L'une d'elles nous a mène donné son opinion que ces deux seaux d'eau, même sale, auraient sans aucun doute rendu un très grand service
L'abbé Duval "pensait alors que le foyer serait difficilement circonscrit et, avec les premières personnes accourues, enleva du Choeur ornements et meubles, pour les mettre dans la nef ".
 
Autrement dit .... personne ne s'occupait encore de lutter contre le feu lui-même !
 
Mais, pendant ce temps, les portes étaient continuellement ouvertes par les premiers "sauveteurs". Il faisait ce jour là un vent très violent, et chaque ouverture de porte produisait un fort appel d'air. Le feu s'en trouva conforté. Très vite, le choeur s’embrasa. Comme nous l'a écrit un témoin : "La voûte au dessus choeur était revêtue de toile peinte représentant un ciel constellé d'étoiles un ciel très combustible !".
Ce fut vite alors la confusion. Les habitants sortirent de leur maison. Les sauveteurs, qui sortaient ce qu'ils pouvaient de bancs, chaises, etc.., finirent par laisser certaines portes ouvertes, jugeant sans doute que c'était vraiment plus pratique...
 
Le couvreur, que l'on alla chercher pour fermer les volets d'aération du clocheton, ne fut pas trouvé.
Les pompiers, eux, ne se "ruèrent" pas sur le lieu du sinistre ! Nous donnerons plus loin le rapport de leur chef.
I1 faut dire qu'on était un Dimanche, en pleine digestion, après un bon repas ...., et puis, c'était la maison du curé ! (on n’imagine plus, maintenant, ce qu'étaient alors les luttes politiques locales, à une époque où, il faut bien le dire, chacun avait plus de temps à y consacrer", car il n'y avait pas de télé, et pas beaucoup d'autos ....).
 
Nous avons entre les mains une lettre datée du jour même, dans laquelle nous lisons : . les pompiers sont arrivés une heure après que l'incendie était déclaré. Ils avaient acheté une moto-pompe dernièrement. Elle était arrivée depuis le 1er Décembre, et l'essai n'avait pas encore eu lieu.
Naturellement, il a fallu du temps pour se mettre en route. Heureusement, des personnes plus intelligentes qu'eux ont fait prévenir les pompes de Gisors et de Vernon, qui étaient en route avant la nôtre ....
 
Ce jugement là est bien sévère ! Les pompiers d'Etrépagny, en effet, n'ont certainement pas mis plus d'une heure pour arriver sur place !
D'abord, le lieutenant HEMET, Chef de centre, ne devait pas forcément penser que l'église allait brûler .... !
 
Et puis, surtout, la moto-pompe en question n'avait pas été "inaugurée"..., la dite inauguration devant être couronnée par les discours de tout un chacun, et par dessus tout par un banquet ! Il est vraisemblable que tout cela était prévu pour la prochaine Sainte Barbe qui, rassurez vous, eut bien lieu quand même peu de temps après, en janvier ! En un mot, il n'était donc pas question d'apprendre encore à se servir de cette pompe...
 
Quoi qu'il en soit, il est certain que, humainement et matériellement, tous furent dépassés par l'ampleur et la rapidité du sinistre.
 
Dès le début, les premières pompes (car on avait aussi des pompes à bras...), avaient été alimentées par l'eau de deux puits. Ce fut vite épuisé.
I1 avait en effet été impossible de brancher les pompes sur les bouches à incendie, car la pression était tout à fait insuffisante !
On reste confondu ! On se demande à quoi pouvaient bien alors servir ces bouches à incendie, et si elles avaient jamais été essayées par les pompiers?!
La Compagnie, et tous les autres corps qui arrivaient petit à petit en renfort, s'alimentèrent alors à la rivière, et les chaînes y puisèrent sans arrêt.
On nous dit qu'un moment le niveau de la rivière diminua et les gendarmes durent aller baisser les vannes pour retenir le courant ....
Bien entendu, l'église était alors entièrement embrasée !
 
Un fait nous choque, et semble avoir ce jour là particulièrement choqué bon nombre de personnes : il eût été logique, l'incendie se propageant à l'inverse du vent, malgré la force de celui ci, de couper toute la charpente de toiture au milieu de la nef au moins, et d'arroser copieusement la brèche sans arrêt, de manière à protéger le narthex et la tour, c'est à dire les orgues et les cloches.
 
On ne le tenta pas, mais un pompier se consacra tout spécialement .... à l'arrosage consciencieux du monument aux morts !
Il est vrai de dire, cependant, que de nombreuses flammèches fusaient dans toutes les directions, et que de nombreux petits foyers se déclaraient.
Le feu, vite circonscrit cependant, se déclara à la ferme Boulanger, dans la Grande rue. Oncombattit un grand nombre de morceaux de bois enflammés, dans les greniers de l'Hôtel de Ville.
Les maisons DUBOIS, notaire (actuellement POUPINET), BAIS, MORIN(Bosveil) furent un moment menacées.
 
Monsieur Emile BAIS nous a écrit : "Le vent était très fort ce qui entraînait des morceaux de bois sur les toits; nous charrions des seaux d'eau pour éteindre ceux qui étaient sur le nôtre. Certains ont même commencé à allumer un incendie chez Monsieur Boulanger, cultivateur; ce fut vite maîtrisé, voisins nous ont aidé à charrier nos fûts contenant de l’essence de térébenthine et de l'huile de lin, qui auraient pu être dangereux pour le quartier..."
 
Nous pensons qu'il y a là, une des causes de la destruction totale de l'église, et que c'est maintenant qu'il nous faut donner, in extenso, le rapport du lieutenant HÉMET, obligeamment communiqué par le lieutenant SAGEOT.
 
" Le Dimanche 29 Décembre 1929 à 14 heures 15 le lieutenant HÉMET est averti que le feu venait de se déclarer dans l'église, (le lieutenant HÉMET demeure en face de l'Eglise) se rendant sur le lieu du sinistre il constate la situation suivante ! Le Maître autel complètement en flamme, le grand vitrail qui est derrière l'autel avait céder sous la chaleur et les flammes léchaient la voûte en bois de l'Eglise. Le lieutenant HÉMET fait donner l'alerte. Ordre est donner de porter la moto pompe à la rivière rue Maison de Vatimesnil, 400 mètres de tuyaux sont déployés pour venir sur la place de l'église, pendant ce temps, la voûte la toiture et le petit clocher se sont embrassées un vent violent du sud pousse les flammes sur le nord et menace sérieusement l'Hôtel de Ville et le pâté de maison Dailly Morin. La lance de la moto est dirigé en protection sur l'hôtel de ville.
La moto pompe de la Distillerie de M Wangermez est placé à l'angle de la rue Deslonchamps et la grande rue la lance est dirigée en protection sur maison Morin Bais et Dailly une pompe à bras est installé à coté de la moto Wangermez et la lance dirigé sur les bâtiments Dubois notaire ; ces deux pompes sont alimentés par des charrois d'eau. La Moto-pompe de la Sucrerie Centrale est placée à la rivière rue Maison et alimente, place Longfier, les pompes à bras des communes qui arrivent Gamache, Hacqueville, Les Thilliers, ces trois lances attaquent le feu par le grand portail et protège la chapelle Saint Joseph coté sud.
A 15 h 30 Arrivé des pompiers de Gisors et de Than la situation est ainsi : tout la toiture est effondré l'intérieur de l'Eglise est un immense brasier le grand clocher vient de s’enflammer complètement à l'heure actuel tous les effort des pompiers sont pour préserver les maisons voisines et l'hôtel de ville qui sont de plus en plus menacer.
 
Les pompes de Gisors et Than sont placés à la rivière grande rue et les deux lances sont établies rue Deslomchamps une renforce en protection celle de la distillerie Wangermez et l'autre attaque le feu par les fenêtre du Coeur coté nord.
 
A 15 heures 45 effondrement du petit clocher à 16 heures 15, effondrement du grand clocher à 16 H 30 le feu devenu moins violent et le vent plus calme toutes les lances sont dirigés sur le foyer.
 
A 16 heures 30 arrive les pompiers de Vernon leurs autopompes est placés à la rivière rue Maison de Vatimesnil et attaque le foyer par les fenêtres du coeur cote sud avec deux lances. Pendant la violence du feu plusieurs foyers d'incendies ne sont déclarés chez M Morin libraire lieutenant des pompiers, Dubois notaire, Lemercier boulanger et Boulanger cultivateur tous ont été éteint par les propriétaires et les pompiers.
A 17 heures ont est maître du feu, à 18 heures les motos Wangermez et Than sont arrêtées, les pompes a bras aussi à 20 Heures les pompiers de Gamaches, Hacqueville, Les Thilliers, la distillerie et la Sucrerie se retirent à 20 h 30 il ne reste plus en action que la moto d'Etrépagny Les sapeurs pompiers de Vernon se retirent à 21 heures Gisors et Than se retirent . Le corps d'Etrépagny continue à noyer les décombres jusqu'à 1 heure du matin à 1 heures le corps de divise en deux groupes.
 
1er groupe est resté jusqu'à 7 heures
2éme groupes de 7 heures à midi
A 13 Heures il restait encore quelques foyers se réveillent, la surveillance à été jusqu'à 16 heures.
A 16 heures 30 tout danger de retour étant écarter le corps s'est retirer il est rentré à 17 heures aucun accident à signaler .
2 garnitures de 45 mm sont disparues."
La lecture de ce rapport est extrêmement intéressante :
D'abord, on sent bien qu'on est dépassé par les évènements. En effet, la première action de la motopompe est d'arroser...
l`Hôtel de ville ! La lance de la pompe de la distillerie arrose les maisons: une pompe à bras arrose la maison du notaire.
 
On a beau nous dire que la sucrerie, Gamaches, les Thilliers "attaquent" le feu par le grand portail sud, il n`en reste pas moins, que, ces corps de renfort étant forcément arrivés relativement tard, perdant un temps assez long, aucune lance n`a été dirigée sur l'église. On s'est donc intéresse aux effets mineurs, et pas à la cause.
 
Tous les témoignages se rejoignent pour dire que de nombreuses personnes luttaient contre les petits foyers secondaires.
Il eut sans doute alors été beaucoup plus raisonnable de diriger tous les moyens, sans exception, au fur et à mesure de leur mise en servie, sur le brasier qu'était devenue l`église.
Le procès-verbal indique bien d'ailleurs la formidable violence de l'incendie, puisque nous lisons que quelques menue foyers existaient encore le lendemain à 13 heures et qu'on a surveillé jusqu'à 16 heures du même jour !
A 15 h 30, on arrose toujours 1`hôtel de Ville et les maisons.
A 16 h 15 tout s'est effondré, y compris le grand clocher entraînant les cloches, dans une apothéose d'étincelles ! Le "grand incendie" est terminé !
 
C'est alors, enfin, et vous l'avez bien lu dans le rapport, qu'à 16 H 30, "le feu devenu moins violent .... toutes les lances sont dirigées sur le foyer"!!
A noter qu'on ne mentionne pas l'arrosage du monument aux morts ; peut être n'a t’on pas osé,
devant l'ampleur du désastre ? plusieurs témoins sont pourtant formels.
Le Receveur des postes, lui, passa une bonne partie de son après midi à appeler successivement tous les renforts de pompiers et gendarmes et à informer diverses personnalités, dont certaines se rendirent sur les lieux.
 
L'évènement ayant amené alentour la " foule des grande jours", un service d'ordre de plus en plus important semble avoir été nécessaire, car on fit appel à plusieurs brigades des environs !
C'était sans aucun doute nécessaire, en effet, car chacun devait avoir une opinion bien personnelle sur la manière de conduire les opérations...
 
Et le soir, pendant que les pompiers d’Etrépagny continuaient de noyer les décombres, commençaient déjà les discussions et les polémiques qui allaient être un sujet privilégié de conversation pendant quelque temps ....
 
L'église était entièrement détruite ! A de très rares exceptions près, que nous avons signalées, tout était parti en fumée.
 
Vraiment tout s'était conjugué pour arriver à un tel résultat : la tempête, les choses et les hommes.

*****

 

"Descriptif affiché à la porte de l'église

Eglise Saint-Gervais Saint-Protais

L'église d'Etrépagny a manifestement été copiée sur celle d'Ecouis. Sa construction commencée au XIVe siècle par la nef s'est achevée au XVe siècle par le choeur.
Elle comporte une nef de grandes dimensions, un transept saillant et un choeur terminé par une abside à trois pans. Au point de jonction de la nef et du transept se trouve un petit clocher octogonal en charpente couronné par une aiguille.Les murs de pierre de taille sont épaulés par des contreforts à deux glacis. Une immense ouverture au nord et au sud éclaire les croisillons du transept. Le clocher carré est percé au premier étage de deux lancettes sur chaque face et couronné par une pyramide se terminant par un lanternon au XVIe siècle.
La totalité du mobilier a été détruit lors de l'incendie qui a ravagé l'église le 29 décembre 1929. Il ne subsiste aujourd'hui qu'un "Christ aux Anges" ou Ecce Homo", statue en bois du XVIe siècle et une Vierge aux deux Anges du XVIIIe siècle (provenant de l'ancienne église Saint-Martin). Une statue de la Vierge, miraculeusement épargnée par l'incendie, fait l'objet de dévotions particulières.
Les verrières de l'église ont été réalisées entre 1946 et 1963 par François Decorchemont, maître verrier, originaire de Conches-en-Ouche (1880-1971),
Etrépagny est une des églises de l'Eure proposant le plus de vitraux typiques de l'art particulier de cet immense artiste
 
 
 
 
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Dernière modification : 07 septembre 2009

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